Comment financer ton projet de film ou ton court métrage ?

Vous avez un super dossier de production mais vous n’avez pas d’argent pour le monter. Ne vous inquiétez pas, nous avons la chance en France d’avoir des fonds de soutiens variés aidants la création audio-visuelles. Ces financements sont sélectifs mais multiples. Dans cet article, je t’explique comment financer ton projet de film.

Les aides régionales

Chaque région a chaque année un fond d’aide à la création. Les aides régionales permettent à de jeunes et moins jeunes réalisateurs de produire leurs films au sein même de cette région.

En revanche, obtenir l’aide régionale vous oblige à mettre en valeur la région, et employer des personnes dans cette région.

Pour obtenir une telle aide, il vous faudra expliquer en quoi investir dans votre projet sera bénéfique pour la région.

Souvent, les plans de financement montre comment investir 20000 euros dans votre projet rapportera 40000 euros à la région. Peut-être irez vous manger dans ce restaurant tous les jours avec votre équipe, peut-être que votre film mettra en avant un très bel endroit d’une région, peut-être emploierez 80 de votre équipe dans cette région ?

Les pré-achats TV

Les chaînes de télévision sont dans l’obligation de ré-investir une partie de leurs bénéfices dans la production de contenu. C’est ce que l’on appelle le pré-achat. La chaîne achète des droits de diffusion d’un projet avant même que celui-ci ne soit produit.

Le montant de l’aide est souvent un pourcentage du prix de la production.

Certains concours, comme le concours coté-court offre un pré-achat au grand gagnant.

Malheureusement, si vous n’avez pas de producteur, il me paraît difficile d’obtenir une telle aide.

Le GREC

Le Grec (Groupe de Recherches et d’Essais Cinématographiques) produit de premiers court métrages – fiction, expérimental, film d’art, animation, essai – en veillant à leur caractère singulier et innovant.

En d’autres termes, le GREC aide à la production audio-visuelle. L’aide est en général au alentour des 20000 euros, parfois plus.

Toutefois, le GREC se positionne comme un producteur. Et pour obtenir l’aide du GREC vous devez vous présenter sans producteur. Ils joueront ce rôle.

Les financements du GREC s’obtiennent sur sélection. Vous devez leur envoyer votre dossier de film, vous obtiendrez une réponse de leur part par courrier. En revanche, la sélection est difficile mais moins cruelle statistiquement que le CNC car moins demandée.

Le CNC

Le « Centre national du cinéma et de l’image animée » est un établissement public administratif placé sous la tutelle du ministre chargé de la culture. Le CNC est LE centre de financement du cinéma en France.

Vous avez forcément vu ce petit logo un peu partout sur vos films préférés. Le CNC soutient la création cinématographique depuis des années.

Voici un lien vers toutes les bourses données par le CNC pour aider la création de court-métrage : cliquez ici .

En soit, les bourses peuvent aller de plusieurs milliers d’euros à des dizaines de milliers d’euros.

Attention toutefois, les bourses du CNC sont extrêmement prisées. La sélection est rude et le niveau très élevé. Si vous souhaitez lire les dossiers ayant eu des aides : cliquez ici.

Pour obtenir l’aide du CNC, votre projet doit être extrêmement solide. Mais ne baissez pas les bras, un jour ou l’autre vous parviendrez à obtenir l’une de ces aides.

Le crowd-funding

Le crowd-funding ou financement participatif, est un super moyen d’obtenir un budget pour votre projet de manière autonome et plus décomplexée.

Vous pouvez utiliser par exemple Ulule ou kisskissbankbank.

C’est très facile à mettre en place.

Vous n’avez qu’à lancer une cagnotte avec un objectif financier à atteindre et la partager sur les réseaux sociaux. Souvent, la majorité des financiers seront des membres de votre entourage. Mais pourquoi pas ?

Vous apprendrez à vous vendre ! Et c’est une bonne chose.

Vous aurez un petit budget, mais suffisant pour vous lancer et pas la pression d’avoir investi votre propre argent. Et puis, c’est une bonne manière de mettre en avant votre travail et d’apprendre à aller chercher de l’argent. Si le métier d’auteur, de scénariste ou de réalisateur vous fait de l’oeil, sachez que 80% de votre boulot consistera à aller chercher des fonds. Alors autant commencer dès maintenant.

Ton propre argent et celui de tes proches

Il y aura un moment surtout après de multiples échecs pour obtenir des subventions où vous vous direz : “Mon film, je le fais avec mon argent”. Ca arrivera croyez-moi.

Et ce n’est pas nécessairement une bonne idée.

En effet, utiliser votre argent vous laisse la possibilité d’aller vite. Toutefois, si votre projet n’a pas trouvé de financement, c’est qu’il y a peut-être une raison. Votre scénario est peut-être pas tout à fait solide ? Votre projet ne tient peut-être pas la route ? C’est difficile de l’accepter mais c’est surement vrai.

Pour l’un de mes projets, j’ai réussi à obtenir l’aide à l’écriture du CNC, mais lorsque j’ai re-déposé ce projet pour obtenir l’aide à la production, j’ai lamentablement échoué.

Sur le moment, je me suis dit avec toute ma fierté et mon égo “Tant pis, je le ferai sans aides, je mets mon propre argent !”

Avec du recul, je peux vous dire que je suis content que ce projet n’ait pas été subventionné, au cours de la ré-écriture j’ai totalement raté ce projet. Mais à cette époque et le nez dans le guidon, je ne m’en rendais pas compte. Parfois, il peut être bon de prendre le temps de ré-écrire et de peaufiner votre idée. Prenez votre temps, ce n’est pas un sprint mais un marathon.

De plus, les aides citées plus hauts permettent de vous inscrire dans un circuit professionnel.Sans aides de ce genre, difficile de participer à des gros festivals vous permettant de lancer votre carrière.

Donc pour répondre à la question de “Faut-il financer soi-même son projet?”, je répondrais oui et non. Si votre but est de réaliser un court-métrage pour le fun et pour expérimenter : pourquoi pas. En revanche, si vous voulez faire de la réalisation de fiction votre métier de manière sérieuse, ce n’est pas conseillé. D’une part parce que vous aurez du mal à inscrire votre projet dans un festival mais aussi vous ne serez pas amené à découvrir le circuit professionnel du cinéma.

Le cinéma guérilla

Alors là, je vais presque contredire ce que j’ai écrit précédemment ! Car oui, nous allons parler du film qui se tourne les poches presque trouées ! Oui, oui, ça existe vraiment ! 

Car le cinéma guérilla, tu t’en doutes à son nom, se fait comme on fait une guérilla : sans moyens financiers ! Ou très peu. On tourne avec les moyens du bord.

Cela suppose une toute petit équipe, de tourner sans autorisation dehors, et sans beaucoup de décor ou même pas du tout en intérieur. Et évidemment un matériel léger.

Si tu choisis cette voie, tu entres forcément dans la catégorie du cinéaste indépendant et opposé à la culture mainstream. Car le cinéma guérilla s’oppose par essence à ce qu’on voit majoritairement sur les écrans. Le fait même d’avoir peu de moyens techniques et financiers te poussera naturellement à la créativité et l’originalité. C’est un moyen comme un autre de développer sa personnalité de cinéaste.

Souvent ce type de film adopte un point de vue naturaliste, on parle aussi de cinéma vérité. Je pense à Moi, un noir de Jean Rouch qui avait tant aidé au lancement  du cinéma de la Nouvelle Vague car il avait connu un grand succès dès sa sortie. Jean-Luc Godard le considère toujours comme l’un de ses films préférés. 

C’est intéressant de se rendre compte de cela. Car oui, on peut aussi écrire et tourner un excellent film sans avoir des moyens hollywoodiens ! Fais travailler ton imagination, sois créatif, ne te laisse pas influencer par l’idée qu’avoir des tonnes d’argent rendra ton film meilleur. Ce n‘est pas le cas. Peut-être pourrait-il le rendre plus commercial, avec de grosses scènes de bagarres, d’effets spéciaux par exemple, mais cela ne rendra jamais le film plus subtil, plus esthétique, plus intelligent, plus émouvant. C’est dans ta tête que la qualité de ton film commence, et par l’écriture de ton scénario !

Comprenons-nous bien : je ne dis pas qu’il faut réduire complètement ses désirs pour écrire un film qui ne coûte rien, non. Et faire absolument du cinéma guérilla, non. Il faut pour cela en avoir envie, et aimer aussi le cinéma expérimental. Mais j’en profite pour te rappeler qu’il faut trouver un juste milieu entre le financement et ce qu’on fait entrer dans le film.

Pour te citer un autre film guérilla qui a connu un énorme succès (prix de la jeunesse pour le meilleur film étranger au festival de Cannes et le New Generation Award, prix des critiques de cinéma de Los Angeles), je pense tout de suite à Nola Darling n’en fait qu’à sa tête de Spike Lee (1986). Tourné en 12 jours à peine ! Or ce film d’un budget de 175 000 dollars a produit un chiffre d’affaires de 7.137.502 au box-office américain… 

Tout est possible dans le monde du cinéma ! Tous les rêves sont permis !

C’est rassurant, non ?

Une aide pour les amener tous, et dans les ténèbres les lier

Les aides fonctionnent comme des dominos. Si vous en obtenez une, vous obtiendrez une deuxième aide plus facilement.

Obtenir une aide fonctionne comme un gage de qualité. Si vous obtenez le CNC, l’aide régionale vous sera donnée bien plus facilement et ainsi de suite. C’est tout à fait normal, on préfère aider un projet qui a de grande chance de réussir qu’un projet inconnu non ?

Pour produire votre projet, visez toutes les aides possibles. Chaque euro comptera.

Persistez et prenez votre temps, vous finirez par être financer à force de persévérance. Petit à petit vous ferez connaître.

Les producteurs financent les projets à 100% ?

Hormis grosse exception, aucun producteur ne financera votre projet à 100%. Peut-être qu’une boîte de production sera prête à mettre un petit complément mais rien d’extravagant. D’autant plus si vous travaillez sur un projet de court-métrage.

En fait, le producteur est là pour monter un dossier de production et vous aider à trouver de l’argent pour faire votre film. Il n’est pas une tirelire.

Concernant le court-métrage, le producteur perd carrément de l’argent et du temps sur votre projet. En revanche, il gagne en notoriété et surtout parie sur vous et votre capacité à faire du long-métrage par la suite !

Le meilleur site pour trouver des aides pour ton court métrage

J’ai découvert il y a peu un site absolument formidable, Vidéadoc. Vidéadoc fonctionne comme un moteur de recherche d’aides. Vous avez simplement à lui dire quel est la nature de votre projet et le type d’aide que vous souhaitez et il vous liste tout ! Formidable non ?

Si tu souhaites aller plus loin, je t’invite à aller lire l’article de marcMd sur le sujet !

Alors j’espère t’avoir aidé et je te dis à bientôt sur apprendre le scénario !