Le dialogue est l’épreuve du feu des scénaristes. Certains auteurs sont particulièrement doués pour cette tâche, d’autres la trouveront particulièrement ingrate.
Si mon expérience d’auteure n’est pas suffisante pour avoir ce qu’il faut de recul sur l’art subtil d’écrire de bons dialogues, j’ai pris le temps aujourd’hui de parcourir le net et mes manuels théoriques pour trouver des pistes de réflexions sur le dialogue. Voici sans plus attendre, mes 5 conseils pour écrire un bon dialogue, glanés au fil de mes lectures.
Show don’t tell
En d’autres termes, ne faites pas dire à vos personnages ce qui peut être montré à l’écran. Trop de dialogues explicatifs pourraient décrédibiliser vos propos et rendre la lecture de votre scénario assez lourde. Faites donc confiance à votre lecteur/spectateur qui fera le lien par lui-même; par exemple, nul besoin de mentionner clairement la situation financière de votre personnage quand il suffit de placer une bouteille de soda de sous-marque ou une boîte de caviar sur la table.
Être concis
Rendre un dialogue efficace, c’est aussi et surtout être concis. Les dialogues du premier jet sont souvent longs et explicatifs; le premier exercice sera alors d’en dire le plus avec le moins de mots possible; ainsi, vous ne garderez que l’essentiel et vos dialogues en seront davantage lisibles et percutants. Vous devez vous poser la question très simple: est-ce que ce dialogue fait avancer l’intrigue ? Si non, supprimez-le.
“L’expression “Tuez ce que vous aimez” a été inventée par l’écrivain britannique Sir Arthur Quiller-Couch. En d’autres termes, l’auteur doit être impitoyable. On peut imaginer une réplique ou une scène qui semble particulièrement savoureuse. Peut-être, mais vous courez un risque en la conservant telle quelle, sans la modifier ni la supprimer. Malgré toute sa saveur, elle peut ne pas s’intégrer à une scène ou à un film donnés.”
Écriture de scénario – Robert Edgar-Hunt, John Marland et James Richards – Edition Les Essentiels Cinéma – 2014 – page 100
L’épreuve du gueuloir
Et oui, tel Flaubert qui “gueulait” ses textes pour vérifier la justesse de sa prose, vous pouvez vous aussi tester vos dialogues en les récitant à voix haute (je m’excuse d’avance pour vos voisins…). Gardez à l’esprit que votre scénario est censé un jour devenir un film; et qu’un dialogue peut être beau sur le papier mais rendre très mal à l’oral. Le plus ? Le faire jouer par des amis comédiens qui ressentiront davantage le texte et ses éventuelles coquilles !
N’oubliez pas, un dialogue doit “sonner juste”. Pour sonner juste, il faut l’entendre.
Le dialogue ne signifie pas la conversation
Comme l’explique parfaitement Robert McKee :
“Il suffit d’écouter la moindre conversation qui se déroule dans un café pour se rendre compte immédiatement que ce type de conversation ne passera jamais à l’écran. Une véritable conversation est remplie de pauses maladroites, de choix de termes et de formules médiocres, de bribes de phrases sans liens logiques et encombrées de répétitions inutiles.”
Story – Robert McKee, Dixit Editions – page 365.
Ainsi, même en voulant écrire des dialogues dits “naturalistes”, un dialogue reste le vecteur de votre intrigue, il doit être pensé comme tel. Et c’est valable même pour les dialogues de Rohmer.
La musicalité du dialogue
J’aime beaucoup Aaron Sorkin. Et l’une de ses interviews où ce dernier raconte son enfance m’a particulièrement marquée.
“Mes parents m’ont emmené voir des pièces de théâtre très tôt dans ma vie. Et même si je ne comprenais pas l’histoire ni ce qui se passait sur scène, j’adorais les dialogues. Tout ça me semblait être de la musique et je voulais plus que tout imitait ce son.”
Aaron Sorkin
Trouvez la musicalité de vos dialogues ! Trouvez le rythme ! La belle phrase, le bon timing !
Je peux pour ma part écouter The social Network et en apprécier la matière.
J’espère avoir pu vous aider.
Je vous dis à très vite.
Swann.
PS : Et vous comment écrivez-vous des dialogues ? Quelles sont vos techniques ? Dites le nous dans les commentaires.
Je m’appelle Timothée, je suis un jeune auteur passionné. Je partage sur ce blog tout ce que j’apprends sur mon chemin d’auteur en herbes.