Voici une question cruciale à vous poser avant de vous lancer dans votre traitement : quel est le genre de votre histoire ? Dans cet article, je vous propose des pistes sur le genre cinématographique, ses contraintes et ses ambitions. Je vous explique pourquoi en tant qu’auteur vous vous devez de comprendre la logique interne de cette classification.
Genre et contraintes d’écriture
Horreur, western, thriller sont ce que l’on appelle des genres cinématographiques. En somme, chaque film peut être classé selon son genre ou ses genres. Vous l’avez surement remarqué sur des plateformes comme Netflix ou même à la Fnac, le contenu cinématographique se compartimente par étiquette de genre.
Il faut comprendre que le genre est avant tout une question de marketing. Certains genres ayant plus la côte par moment, les producteurs défendent souvent un film par cette étiquette lançant parfois même des vagues de genre. On parle alors de “positionner” le film.
Mais ce n’est pas tout. Le genre renvoie le spectateur à des codes. Et le renvoie aussi à ses goûts personnels. Par exemple, je n’apprécie que très peu les comédies musicales. Le genre étant, après le titre, la première info visible sur allocine, j’ai tendance à vite me carapater face à ce genre.
Également, le genre joue d’un effet de tribalisme. L’horreur par exemple a ses fans. Rejeté par certains, l’horreur rassemble un public de familiers. L’un se défendant d’être parmi ses aficionados et l’autre de ses détracteurs.
En tant qu’auteur, cette question du genre est essentielle. Vous devez en connaître les contraintes d’écriture. On écrit pas de la même façon une comédie et un western. Chacun de ces genres créant des attentes chez le spectateur, vous devez les connaître pour respecter les codes et pourquoi pas, mieux les transgresser.
Dans son livre Story, Robert McKee met en garde à très juste titre l’auteur :
Le raffinement dans la connaissance des genres dont fait preuve le public confronte l’auteur à ce défi critique : il doit répondre à leur attente mais en créant des moments frais et inattendus s’il ne veut pas courir le risque que les spectateurs s’ennuient. Il est impossible d’atteindre ce double objectif si il ne connait pas les genres mieux que le public.
Story, Robert McKee p80
Comprenez ici, que vous devez connaître le genre de votre histoire sur le bout des doigts.
Quels genres ?
- Le film de guerre.
- Le western.
- Le film d’horreur.
- Le film de science-fiction.
- Le film fantastique.
- La comédie.
- La comédie musicale.
- Le drame social.
- Le films d’action.
- etc…
La plupart des genres, ont ce que l’on appelle des sous-genres. Comme une sous-branche du genre dominant. Par exemple, le film d’horreur a pour sous-genre le film d’épouvante. La nuance est délicate mais existe belle et bien.
Chacun d’entre eux connait ce que l’on appelle des conventions de genre.
Les conventions de genre donnent lieu à des décors, des rôles et des événements spécifiques et à des valeurs qui définissent le genre et le sous-genre.
Story, Robert McKee p86
La nécessité du tour d’horizon
Pour bien connaître le genre de votre histoire et en maîtriser les codes vous devez regarder des films. Beaucoup de films.
Si vous faites un film d’horreur, vous devez regarder les grands classiques de ce genre. Mais pas seulement, essayez de trouver des petites pépites exotiques. Il est même bon de regarder des films qui n’ont pas du tout marché.
Dans tous les cas, regardez des films les amis. Et inspirez-vous !
Mélanger les genres
Vous allez me dire : “Et si mon film a plusieurs genres ?”
Et je vous dirai un grand OUI !
Certains films ont plusieurs genres. Pas seulement deux, parfois trois même quatre.
Le film Grave a su tirer son épingle du jeu notamment en mélangeant les genres. À la fois Teen movie, à la fois film gore, à la fois film cannibalisme … Et sa réalisatrice a su admirablement jouer des codes de chaque genre et surprendre le spectateur !
Si votre film jongle entre les genres, c’est une très bonne idée. Et rien ne l’empêche. Certains films basent complètement leur marketing sur cette idée de cross-genre. Pensez par exemple au film Cowboys VS Envahisseurs avec Daniel Craig en cowboy, faisant la chasse à des … aliens.
Casser les codes
Ce qui m’amène à un point évident. Vous devez casser les codes et aller plus loin. Le genre ne doit pas être une prison dorée. Vous devez ré-inventer les choses.
Comme dirait Sun Tzu dans l’Art de la Guerre :
Attaque ton ennemi quand il n’est pas préparé, apparais quand tu n’es pas attendu.
L’Art de la Guerre, Sun Tsu
Je ne dis pas que vous devez réinventer le couteau à couper le beurre mais vous devez faire cet effort … de guerre. Pour nous, public.
Les genres boudés, les genres à la mode
J’ai participé il y a pas si longtemps à un concours de pitch. Je devais convaincre 5 ou 6 personnes de financer mon film d’horreur.
Et bien ce n’était pas si évident. Ce genre étant particulièrement clivant vous allez partir avec un avantage certains chez ceux qui aiment ce genre, et avoir une écoute d’une seule oreille chez ceux qui n’accrochent pas du tout.
Un des jury m’a dit en commençant son retour : “Je n’aime pas le cinéma d’horreur et je n’aimerais jamais le film d’horreur”.
Bon ça partait pas tip top.
Résultat : j’ai fini bon dernier du concours.
Égo oblige, je pensais que c’était à cause du genre de mon histoire. Et bien je me trompais lourdement.
D’une part, et ce n’est pas de la fausse modestie, mon projet était en carton.
C’est l’inverse qui s’est passé, je pense que le choix du genre a surpris et qu’ils ont voulu me laisser ma chance.
Vous entendrez toujours des ragots sur “le CNC aime ce genre ci, déteste celui-ci …” Mais ce n’est qu’à moitié vrai. Le lecteur de commissions aura ses goûts. Vous aurez un avantage avec certains et un désavantage avec d’autres. De plus, les modes de genres évoluent très vite. Les deux dernières années sentaient très bon pour l’épouvante et l’horreur à la suite de Grave. Et les années passées étaient des no-go zone pour ce même genre !
Il peut être bon de s’adapter à cela, mais c’est une stratégie surement bancale. C’est en faisant de bons scripts et en défendant correctement votre projet que vous ferez avancer les choses. Qui plus est, le genre est aussi une question de goût chez l’auteur et vous devez respecter cela.
Je finirai sur une citation de feu Karl Lagerfeld :
La mode se démode, le style … jamais.
Karl Lagerfeld, un jour, quelque part.
J’espère avoir pu vous aider.
Je vous dis à très vite.
Timothée.
Je m’appelle Timothée, je suis un jeune auteur passionné. Je partage sur ce blog tout ce que j’apprends sur mon chemin d’auteur en herbes.